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L’autopsie.

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Première difficulté : rejoindre le CHRU par un vent à décorner les Boeufs (130 km/h). Sur l’autoroute des arbres sont tombés, des camions perdent leur bâches, Une vrai épopée!
Slide Autopsie
CC Vancouver Coastal Health

Deuxième difficulté : trouver l’Institut de Médecine légale et Sociale, qui ne figure sur aucun plan du CHRU, ni sur les Pages Jaunes. Après avoir un peu réfléchi, je me dirige avec C. vers la chambre mortuaire centrale. Bingo c’est juste derrière. Pour y rentrer, il faut attendre que quelqu’un ouvre de l’intérieur. On est tout de suite accueilli par une dame qui nous demande de montrer nos cartes d’étudiants. Des personnes se seraient fait passer pour des carabins l’année dernière afin d’assister à une autopsie!
Ensuite, recommandations sur le secret de l’enquête. Rien qui ne concerne l’enquête ne doit être diffusé. C’est pour cela que vous aurez très peu de précisions sur les corps et les causes de mort possibles, mais je vais quand même vous expliquer le déroulement d’une autopsie. Vous pourrez ensuite comparer avec les Experts et autres séries qui ont pour thème la médecine légale. Vous verrez que ça n’a pas grand chose en commun.

On passe derrière l’accueil et immédiatement on se retrouve dans un couloir qui permet d’accéder aux salles d’autopsie. Ensuite direction les vestiaires où on enlève le maximum de vêtements car il fait paraît-il et bizarrement chaud dans les salles.
Il y a deux salles d’autopsie mais trois tables et trois corps. J’en ai pour l’instant vu deux, le troisième est toujours dans un sac mortuaire. Moi et C. allons dans la salle à deux tables avec donc deux corps dont celui dans le sac. Des policiers arrivent : il y ceux avec les appareils photos , l’IJ (Identité Judiciaire); et les enquêteurs. Ça peut maintenant commencer.
Salle d'autopsie

Première étape : l’inspection extérieure. Coups, ecchymoses, griffes, ongles… tout est observé minutieusement.
Deuxième étape qui jette tout de suite un froid : Tout en continuant à blaguer le légiste va ouvrir la boîte crânienne. Entre temps, on me confie la patate chaude : une planche avec un formulaire à remplir de toutes les constatations du légiste. Amusant à faire sauf quand les constatations font la longueur d’un roman pour une case de 6cm sur 1 et que le légiste parle à la vitesse de l’éclair avec des mots dont je ne connais pas l’existence! Mais finalement ça s’est bien passé. Retournons à la boîte crânienne.
Là il faut avoir le coeur bien accroché : après cinq minutes dans la salle, une incision au niveau du sommet du crâne et le légiste rabat sur la figure du défunt le scalp dans un terrible bruit de scratch. Le crâne est à nu. C. qui n’a pas encore fait sa dissection a fait une tête à ce moment là, je m’en souviendrai toute ma vie! C’est vraiment choquant, très choquant à un point que vous ne pouvez vraiment pas imaginer. Il faut bien s’imaginer que l’on vient de voir la figure de la personne 5 secondes juste avant.
Arrive alors la scie qui sert à enlever une partie de la voûte du crâne pour accéder au cerveau. On regarde alors les bandelettes olfactives, les diverses branches de vascularisation et ensuite le légiste découpe l’encéphale en fines tranches, grâce à un couteau, « le même que celui du boucher d’Auchan » dixit le légiste…
On n’en a pas encore terminé avec le crâne : le légiste y va franchement au marteau et au burin pour casser le rocher et voir si la mort n’est pas due à un coup sur le crâne. On aperçoit alors l’oreille vue de l’intérieur, avec tympan, chaîne des osselets, etc. C’est très instructifs : on n’a jamais l’occasion de voir cela aussi bien, même en chirurgie.

Entre temps, le deuxième corps est sorti du sac et je comprends pourquoi il est sorti de son sac au dernier moment. L’odeur qui envahie la salle est pestilentielle, le corps est vert, en bref il est en décomposition. Certains policiers sortent de la salle et restent dans le couloir.

Place au cou, thorax et abdomen : une grande incision verticale, inspection des côtes qui sont ensuite coupées, puis la langue est sortie par le cou! La suite c’est la sortie de tout les organes, leur pesée et leur inspection sur le même modèle que le cerveau. A chaque fois, des biopsie de tissus et des prélèvements de liquides sont effectués puis placés sous scellé.
Pesée des organes
A côté, on ne peut pas dire qu’ils y ait grand chose à observer sur les organes. A l’ouverture du crâne comme du thorax, il n’y a qu’un liquide informe et rouge qui sort. Sûrement l’adipocire dont on nous a parlé l’année dernière.
Une fois terminé, les organes sont replacés dans le corps puis les incisions sont suturées précautionneusement.
Je fini de remplir le constat et on nous propose de rester pour l’autopsie suivante. C’est une mort par balle. J’aurai bien aimé rester mais je n’ai pas le temps.

Au final, comme pour les dissections, c’est certes choquant mais, une fois ce choc passé, on a envie de rester. On apprends tellement de chose en quelques heures!
Néanmoins, il ne faut jamais oublier que ce sont des personnes humaines qui sont sur la table, qu’elles ont eu une histoire, une famille, bref une vie et pour cette raison, quelle que soient la cause de la mort et l’aspect du défunt, il faut garder un grand respect pour ces personnes. Une autopsie est toujours faite dans un but précis : la recherche de la cause de la mort; et l’atteinte à l’intégrité physique d’une personne n’est jamais une partie de plaisir, on le fait uniquement parce que c’est nécessaire.
Le mot qu’il faut donc toujours garder est à l’esprit est bien RESPECT, car n’importe qui, vous comme moi, ne sommes à l’abri de nous retrouver sur cette table un jour ou l’autre.


© Mdkart sur Mdkart, 2007. | Permalien | 42 commentaires
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